Chapter 8: Nino Frank and welcome back to Pour Vous, 1936

Notes

1Nino Frank, 'Front populaire', Le Bruit parmi le vent (Paris: Calmann-Lévy, 1968), p.247.

2ibid., p.260.

3 Nino Frank, 'Le cinéma en Angleterre', Pour Vous, no.257, 19.10.33, p.10.

4Nino Frank, 'Promenade à Denham, Cinépolis anglais', Pour Vous, no.403, 6.8.36, p.ll.

5Nino Frank, 'Notre scénario romancé: Une Nuit à l'Opéra', Pour Vous, no.397, 25.6.36, p.14.

6Nino Frank, 'Les caprices de l'amour: Les Amants terribles', Pour Vous, no.406, 27.8.36, p.4.

7ibid.

8Nino Frank, 'Les Amants terribles, de Marc Allegret (d'après la pièce de Noël Coward)', Pour Vous, no.407, 3.9.36, p.14. This overall view tallies closely with the Halliwell Film and Video Guide's opinion of the 1931 Hollywood film: "An essentially theatrical comedy, and a great one, seems somewhat slow-witted on film." [In Coward's play, Daniel's name was Elyot.]

9Nino Frank, 'Un drame populaire: La Joueuse d'orgue', Pour Vous, no.418, 19.11.36, p.6. 'Margot' = little shop assistant. Slang usage, original quote is from Alfred de Musset:
     "Et, que tous les pédants frappent leur tête creuse,
      Vive le mélodrame où Margot a pleuré."

10Nino Frank, 'Un conte poignant: Le Lys brisé', Pour Vous, no.406, 27.8.36, p.5.

11Nino Frank, 'Le galant contrôleur: Sleeping-Car', Pour Vous, no.409, 17.9.36, p.10.

12Nino Frank, 'Un cocktail international: Carlotta', no.412, 8.10.36, p.6.

13Nino Frank, 'Le vrai et les faux Paris', L'Intransigeant, 17.10.36, p.8. The closest English noun to 'pathétique' is 'pathos', but its meaning is not quite the same. "Pathétique" is defined in Larousse as something "qui émeut fortement, dont l'intensité dramatique provoque un sentiment de tristesse grave". Frank applies it here to the lives of the poor and insignificant hidden below the glittering surface of Paris, about whom Mac Orlan was one of the first to write with true sympathy and fellow-feeling.

14ibid., p.8.

15Serge Veber, 'Un rabatteur amoral: Aventure à Paris', Pour Vous, no.420, 3.12.36, p.33.

16Lucien Wahl, 'Bienheureux les humbles: Ménilmontant', Pour Vous, no.428, 28.1.37, p.4.

17Roger Régent, 'Le grand et le petit Paris: Jeunes filles de Paris', Pour Vous, no.430, 11.2.37, p.14.

18Serge Veber, 'La petite couturière et l'étudiant: Paris', Pour Vous, no.427, 21.1.37, pp.4-5.

19René Lehmann, 'Vues de Paris', Pour Vous, no.430, 11.2.37, pp.8-9.


Original quotations from which translations taken

(numbers match relevant endnotes)

1Et allez donc. Le ver dans le fruit. Il n'y avait plus, devant moi, que l'amour: à ma stupéfaction, il y avait l'amour flanqué de l'argent, et quand je dis l'argent...

2Je pris ma plus belle plume afin d'écrire une longue lettre en Écosse. On me répondit avec indulgence, on avait bien deviné que quelque chose clochait, on me rendait ma liberté et on restait amis.
     Fait singulier, à partir du jour où je reçus cette lettre généreuse, des travaux suivis, et de l'argent, me vinrent en quantité...

3Le film anglais est devenu un produit international, aisément exportable et à coup sûr de qualité...des studios où on ne chôme pas, un optimisme allègre et une belle confiance dans l'aveniur du cinéma anglais.

4On ne rencontre pas que des Anglais - et des Allemands, des Hongrois, des Russes - à Denham. On y rencontre aussi des Français...C'est Cinépolis. Et comme on rencontre, au hasard d'un détour, Erich Pommer ou René Clair, on ne songe pas seulement à Métropolis, - on se souvient aussi de À nous la liberté...

5(Groucho) "Je demande huit dollars cinquante cents, dernier prix, pour vous raconter ce qui s'est passé dans la cabine 58, ma cabine. On paie d'avance."
[Le journaliste est bien obligé de s'exécuter: il compte huit dollars cinquante cents. Groucho lui tend les cinquante cents.]
"Tenez, c'est pour vous. Faites-vous faire une friction au patchouli.
– Et l'histoire de la cabine 58, Monsieur Driftwood?
– Elle est impossible à raconter. Vous me vexeriez en insistant."
[Groucho quitte la scène.]
(Chico) "La première chose à faire, c'est que nous signions un contrat, puis que vous me donniez en paiement de mes révélations votre stylo et votre chemise. Vous avouerez que je ne peux pas en demander moins."
[Esclave du devoir, le journaliste s'exécute.]
"C'est un secret. Allez le voir au cinéma. C'est tout ce que je peux vous en dire.
– Et la suite?
– Quelle suite?
– Eh bien, la suite de votre histoire: la fameuse nuit à l'Opéra?
– Tout ça pour un misérable stylo et une chemise de flanelle. Je ne marche pas."

6On ne comprend guère l'intérêt qu'il y avait à porter à l'écran la pièce de Noël Coward. Au théâtre, peut-être, grâce au brio du dialogue, cette histoire insignifiante peut divertir des spectateurs pas trop exigeants; mais au cinéma...On en avait déjà fait un film en Amérique. Comme si cela ne suffisait pas, on en a voulu faire une nouvelle version en France.

7J'admire la bonne volonté de Marc Allegret. Il a fait tout ce qui était humainement possible pour que son film ne soit pas tout à fait vide...On sait peut-être que Les Amants terribles nous décrivent les accords et désaccords de deux couples. Cette absence de pacte à quatre est une histoire pour jeunes filles...Les plus saintes traditions veulent qu'on soit indulgent l'été: c'est ainsi qu'outre les jeunes filles, d'autres spectateurs pourront prendre goût, la chaleur aidant, à cette histoire.

8On vous a laissé tomber comme une crêpe...Il est vrai que vous étiez le modèle des oies blanches – un homme comme Daniel ne pouvait faire autrement que vous laisser tomber. J'ajoute, à votre éloge, que vous avez bien changé: deux jours d'infortune vous ont suffi pour changer du tout au tout, pour devenir, comme toutes les femmes, une égoiste forcenée.

9Depuis ma plus tendre enfance, on m'a dit et répété que j'étais un sans cœur. Je viens de le constater une fois de plus: mis en présence d'un de ces mélodrames où Margot pleure, mes yeux sont demeurés obstinément secs...Une pauvre femme perd la vue et la recouvre, une petite fille chante dans les rues, les criminels ne parviennent pas à fuir la vengeance du ciel, les jeunes filles finissent par épouser l'homme qu'elles aiment, etc. Je vous le dis, je suis un sans cœur.

10[Dolly Haas] a vécu intensément son rôle, avec un tact et une douceur stupéfiantes. Certaines de ses expressions sont inoubliables et font qu'on ne se soucie guère de ce que les situations ont de voulu et d'outrancier.
...Le Lys brisé se déroule à Limehouse, le quartier chinois de Londres, qui se trouve en plein centre du pays de la misère...Et tous les décors du port de Londres, l'incendie de la boutique de Chen, les scènes d'atmosphère sont d'une extraordinaire, d'une fantomatique truculence. C'est le Londres qui est dans l'imagination de tous ceux qui aiment cette ville unique.

11Il a voulu lui donner, semble-t-il, le style qui convenait au pays auquel il était destiné: l'Angleterre. D'autre part, son sujet se déroulant à Paris, et dans un Paris d'opérette américaine, il a essayé d'y mettre un accent un peu français.

12L'infernal bal-musette de la rue Saint-Didier, où elle chante habillée en paysanne roumaine. Ce film soutient aisément la comparaison avec nos plus mauvais ouvrages français. Il les bat même d'une courte encolure.

13À chaque heure, la ville est prête à se laisser cinématographier avec complaisance. Elle est toujours neuve et vieille, savoureusement vivante.
Ce pathétique social dont Pierre Mac Orlan s'est si souvent fait le poète, nulle part ailleurs qu'à Paris on n'en trouve si abondamment les éléments. Les mystères de Paris sont loin d'être êlucidés, et l'œil du cinéma pourra les découvrir mieux que les nôtres. Il ne faut pas que René Clair demeure le seul à s'être laissé si magnifiquement inspirer par la Ville.

14Dans Carlotta, on nous décrit un bal-musette qu'on situe dans la paisible rue Saint-Didier et où fréquentent des apaches à accroche-cœurs et des individus du type "bohême 1900". Dans Sleeping Car, on voyait un mariage à la mairie du XIVe arrondissement qui laissait rêveur.

15un film alerte, gai et très parisien. Le spectateur apprend à jouer aux bars, puis au jeu de l'amour, du hasard, des boîtes de nuit et de la garçonnerie.

16c'est un film assez bavard et où l'on ne rencontre pas une trouvaille d'images, mais il sonne frais et juste.

17a réussi des tableaux évocateurs, composés avec goût et qui peignent avec un réalisme stylisé le vrai visage de la capitale...[mais] y a-t-il une histoire?

18M. Jean Choux, qui a conçu et réalisé cette bluette en prose, ne doit certes pas s'attendre à des compliments, car nous savons que l'on peut espérer de son talent des ouvrages d'une autre tenue.

19En France on a toujours eu le désir d'exprimer au cinéma l'âme et le visage de Paris. Désir ambitieux, combien tentant et combien difficile! Paris, c'est un monde, c'est une synthèse de l'Univers. Paris n'a pas qu'une âme et un visage. Il a tant d'aspects nés de son passé, de sa gloire, de ses traditions!
Il serait vain, je crois, d'imaginer Paris si on ne le connaît que de réputation, d'après ces films, qui sont pavés de bonnes intentions, mais farcis aussi d'une littérature de qualité assez faible, malheureusement. Il y a des qualités évidentes dans ces films, qui ont pour héros de petites gens, des ouvriers, des midinettes et des bourgeois, mais, si le trait est souvent juste, isolé de l'action, l'ensemble sonne faux.
La matière est inépuisable. Souhaitons qu'elle tente de nouveau l'activité cinématographique, en dehors des sentiers un peu battus du "populisme" des romans dits populaires, de la convention à l'eau de rose ou à l'eau de ruisseau. Il y a tant de vie à Paris, et de vies qui se heurtent, se confondent, s'ignorent, se cherchent dans le merveilleux décor que traverse, d'un coude nonchalant, la Seine grise!